Jean-Louis Tartas, (sculpteur d’histoires)


Les chemins qui mènent un enfant à devenir un artiste sont mystérieux.
Jean-Louis Tartas, a entrebâillé des portes, mué par sa curiosité pour l’altérité.
Se rapprocher de l’autre, des autres, de ceux qui comptent, qui bâtissent les fondations de sa vie.
Et faire. Car les mots ne sont pas la forme d’expression, de transmission qui l’ont attrapé.

Un père et du bois
Ainsi pousser la porte de l’atelier de bricolage de son père était une évidence. Une nécessité aussi. Celle de fabriquer ce que lui et ses copains n’avaient pas. Du bois, des bouts de roues et de métal récupérés (déjà !) pour façonner des voitures et des armes.
Ces jouets de mômes fabriquaient de l’imaginaire.

Décors, masques et lumières
Sortant de l’adolescence, sa curiosité pour une jeune amoureuse l’a poussé à ouvrir la porte d’un théâtre.
Là, il a créé des lumières, fabriqué des décors, conçus des masques, pour des comédiens, des danseuses. Soutenu par des rencontres d’artistes expérimentés, il créait, avec peu,
du beau, de l’illusion. Il a découvert des matières, des savoirs-faires.
Il a beaucoup inventé pour pallier la pauvreté des moyens.
Faire avec ce qu’il y a, contourner le manque de moyens et inventer, s’en débrouiller. Il y a de la résistance à la fatalité chez Jean-Louis Tartas.
Faire, peu de mots, alors fer-aille vers où ça nous mène.
Dans ce jeu de mot quelques peu hasardeux, réside toute la facétie de ce sculpteur.

Faire ailleurs
La rencontre avec une étrange étrangère fut décisive. Une artiste bien sûr. D’ailleurs.
ll visite son pays du Moyen Orient et d’autres. Son goût du voyage s’aiguise.
Oser l’aventure. Celle de l’art, de s’y lancer totalement, à corps perdus.
Il s’agit bien de cela. Les corps. Oui, un peu perdus.
Jean-Louis est accaparé, exaspéré, par l’état, la désespérance du monde.
Il fabrique des squelettes, des postures en ferraille, les recouvre d’une matière de son invention et coupe, enlève.
De ces gestes naissent, des histoires d’humains qui semblent chercher un sens, qui tentent
d’aimer, de comprendre, de passer de l’autre coté, de ramer, d’interroger leur reflet ou l’étranger qui n’est autre que lui-même.
Les sculptures de Jean-Louis sont humaines. L’humain mis en scène. Au centre du monde.
Ne sommes-nous pas, en effet, au centre de notre monde ? A chercher à entrer en contact, à capter le regard, à recevoir l’approbation, voire l’admiration de l’autre, des autres. Jean-Louis nous parle de cela, de la quête incessante de l’amour de l’autre, de la compréhension de l’autre.
La quasi nudité des ses personnages augmentent leur désir d’être et leur difficulté à être.
Cela pourrait être très noir. Il aimerait aller davantage du coté de la noirceur, complète et définitive. L’humour, l’ironie, le rattrapent, la tendresse aussi. Une pudeur ?
Laissons cette part du mystère toute entière. Jean-Louis sculpte pour ne pas trop en dire.